Restauration des lustres de l'église de La Madeleine (VIIIe)
Publié le 24 février 2021
Les 14 lustres de la nef, datant du XIXe siècle, ont besoin d'être restaurés pour retrouver équilibre et élégance.
Projetée au XVIIIe siècle sous Louis XV, voulue par Napoléon comme temple à la gloire de sa Grande Armée, l’église de La Madeleine est finalement bâtie sous Louis-Philippe, en vis-à-vis du Palais Bourbon. L’intérieur est un véritable musée de la sculpture romantique, haut lieu du tourisme et de la culture, visité par plus de 500 000 personnes par an qui viennent admirer ses chefs d’œuvre.
La nef de l'église est éclairée par 14 lustres en bronze vernis doré, alliage ferreux et de verre, composés de 6 bras de lumière aux motifs de feuilles d'acanthes entrelacées. Ces œuvres du XIXe siècle sont impressionnantes de par leur poids et leur taille, en effet chacune pèse 170 kilogrammes et a un diamètre de 1,70 mètres. A l'origine, conçus pour fonctionner au gaz, les lustres ont fait l'objet de plusieurs transformations avec le passage à l'électricité. En 1968, des éléments exogènes ont été introduits : haut-parleurs et gros globes, en changeant totalement l'aspect d'origine.
© B. Nottin
En raison du temps et des transformations opérées, ces 14 lustres ont subi différentes altérations :
Altérations mécaniques
Certaines branches ont subi des chocs importants.
Les éléments ajoutés sur le corps central des branches ne sont pas identiques.
Certaines extrémités sont manquantes.
Il y a également de nombreuses rayures, parfois profondes.
Altérations chimiques
L’alliage ferreux du tube intérieur du lustre (véritable colonne vertébrale) montre quelques rares zones de corrosion fine sans piqûres. Les vis sont également en bon état.
Dépôts
L’empoussièrement est extrêmement important, et un encrassement noir (provenant de la fumée des bougies) recouvre de suie toute les surfaces des lustres.
Pour mener à bien cette restauration, la Ville de Paris a choisi de prendre en charge la restauration du premier lustre, dénommé "lustre-test". Les photographies anciennes ont été très utiles car elles permettent de voir l’évolution de ces luminaires. Il a ainsi été décidé de revenir à l’état présent sur la photographie ci-dessous, quand les lustres étaient éclairés au gaz.
© Ville de Paris - COARC
Les restaurateurs ont descendu le lustre et l’ont emporté en atelier où il a été entièrement démonté. Chaque pièce a été nettoyée puis une restitution, sans les pièces ajoutées au fil du temps, a été proposée. A contrario, des pièces d’origine manquaient, comme les galeries : il a fallu trouver un modèle et le faire fondre en 14 exemplaires. Les globes ont été façonnés à la main. Les restaurateurs ont également appliqué un vernis doré sur les pièces.
© Anne-Cécile Viseux
Une fois les lustres restaurés, l’opération délicate de repose a lieu, nécessitant toujours le montage et le démontage d’un échafaudage car le poids de ces lustres est conséquent. Ce travail se fait conjointement avec une équipe d’électriciens. La restauration des luminaires inclut la rénovation et le changement des câblages interne et externe.
Le "lustre-test" a été abaissé comme à l’origine : le visiteur pourra ainsi de nouveau contempler le maître-autel sans que son regard ne soit entravé.
Le lustre a retrouvé équilibre et élégance, les globes semblant sortir de la corolle de feuillage dorée. La nef sera bientôt illuminée par ce nouveau chemin de lumière.
© Anne-Cécile Viseux
Grâce à un généreux mécène de la Madeleine, par l’intermédiaire de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, cette restauration a pu être enclenchée et une majorité des lustres va pouvoir être intégralement sauvegardée. Mais les dons sont encore indispensables pour terminer ce chantier d’envergure et restaurer l’intégralité des 13 lustres de la nef de La Madeleine.
Participez à la restauration des lustres de la nef
Propriétaire : Ville de Paris
Responsable : Pauline Duée, conservateur du Patrimoine à la COARC de la Ville de Paris
Restaurateurs : Groupement B. Dubarry Jallet (B. Dubarry - P. Jallet - H. Dreyfus - A. Wallon - L. Caru - A.-C. Viseux - C. Mottais)