Sauvegarder l’église Saint-Martin-des-Champs

Tout comme moi, vous êtes attachés à Paris, à ses monuments emblématiques dont les églises font partie et qui lui donnent sa beauté singulière. Vous savez que bon nombre d’entre elles ont grandement besoin d’être restaurées. Malgré les efforts de la Ville de Paris qui en est propriétaire et maître d’ouvrage, l’état de ces édifices reste précaire. Les budgets, pourtant en hausse, ne suffisent pas à faire face à l’accumulation des situations d’urgence. Nous ne pouvons plus attendre, il faut agir.

Lancée en 2014, la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris s’est donnée une ambition forte : redonner aux églises parisiennes la splendeur qu’elles méritent. Elle s’entoure pour cela de mécènes et de donateurs sensibles à la beauté de ces édifices, et à leurs œuvres d’art. 

Voir une sculpture, c’est avoir accès à une opulence d’images différentes. Restaurer une sculpture, c’est aller plus loin encore, c’est être en corps à corps avec elle. Quand elle est de petite taille, c’est la soulever et la manipuler. Quand elle est de grande taille, c’est tourner autour et se plier en quatre pour accéder à ses moindres recoins. Aussi, pour intervenir, il faut s’adapter avec pragmatisme aux matériaux à traiter, sans les agresser ; il faut être ferme et déterminé dans notre action pour apporter les opérations nécessaires et ajustées. Le travail à mener doit rester concentré et persévérant pour que nos interventions restent contenues dans des temps d’intervention raisonnables.

 Sur les sculptures monumentales, comme celles que nous avons restaurées ces dernières années dans l’église de la Madeleine, le travail fourni est physique. L’endurance dans nos interventions est indispensable pour venir à bout des surfaces démultipliées. Nous manipulons beaucoup de matériel lourd. Montons et descendons des échafaudages à répétition. Les opérations sont parfois salissantes. Nous sommes aussi régulièrement contraints à devoir adopter des positions inconfortables pour accéder à l’ensemble des parties à traiter, notamment les creux parfois assez profonds et difficilement accessibles, surtout en parties basses et entre les étages des échafaudages. Notre adaptation se fait également dans nos horaires. Parfois, en raison d’événements particuliers, des enterrements en matinée ou des concerts en après-midi, nos interventions doivent être stoppées ; pour compenser ces arrêts imposés et ne pas prendre de retard dans notre avancement, nous prenons alors le parti de commencer nos journées de travail dès 6 heures du matin. Ceci dit, à l’église de la Madeleine, la motivation éclairée et sympathique du père Horaist est telle qu’elle nous accompagne positivement et que l’on en oublie les contraintes particulières.

Notre métier est dans le fond assez ardu mais nous l’aimons ; notre implication est totale et a du sens. Nous échangeons avec les commanditaires, faisons le travail de A à Z, du devis à la réception du chantier, en intégrant l’organisation de l’ensemble et l’établissement d’un compte-rendu exhaustif de nos interventions. La réflexion et l’action sont associées et nos efforts sont toujours récompensés par un résultat visible et apprécié.

À la rencontre de l’Art et de l’Histoire, l’ensemble patrimonial constitué par les 96 édifices cultuels appartenant à la Ville de Paris est une incomparable collection d’architecture. D’un siècle à l’autre et pour chacun d’eux,  les commanditaires, maîtres d’œuvre, artisans et  artistes ont donné le meilleur d’eux-mêmes, de leur savoir-faire et de leur inspiration.

Dans les arrondissements centraux, ombre portée du Paris médiéval, se trouvent la plupart des églises antérieures au XVIIe siècle : entrelacs d’arcs boutants, piliers élancés, délicieux décors sculptés de feuillages et de figures fantastiques, vitraux chatoyants. Voyez Saint-Séverin (5^e), Saint-Merry (4^e)…

Le Concile de Trente et la Contre-Réforme génèrent un nouveau modèle qui s’insère dans un tissu parcellaire dense, se soumet à l’orientation des rues, offre à la ville de majestueux « portails », qui sont autant de façades ordonnancées au décor architectonique puissant.  Les esthètes ont longtemps débattu de leur préférence entre les portails de St-Gervais-Saint-Protais et de Saint-Paul-Saint-Louis (4^e).

Mais voici qu’à la fin du XVIIIe siècle, la basilique primitive et le temple romain deviennent la référence dans les nouveaux quartiers de Paris. Saint-Philippe du Roule (8^e)en est le prototype et La Madeleine, le colossal emblème.

Lorsqu’à partir de la Restauration, Paris entre dans une croissance accélérée et repousse ses limites par des opérations d’urbanisme sans précédents, l’église paroissiale est au cœur des projets : églises-îlots devancées par un jardin public, point focal d’une perspective, centre d’un réseau de rues en étoile, l’église s’élève avant même que soit achevé le quartier dont elle est le repère autant que le lieu de culte. Les arrondissements périphériques sont parsemés de ces grandes églises programmées par la Ville. Les architectes érudits se remémorent les styles romans à Notre-Dame d’Auteuil (16^e) ou Notre-Dame-de-la-Croix (20^e), gothiques à Sainte-Clotilde (7^e) et Saint-Jean-Baptiste de Belleville (19^e), Renaissance à La Trinité (9^e), non sans introduire des nouveaux modes de construction industriels.

L‘histoire ne s’arrête pas en 1905. Des églises innovantes en béton de ciment armé, édifiées en lieu et place d’églises appartenant à la Ville, entreront de fait dans le patrimoine municipal. Profondément inspirés, les architectes œuvrant au début du XXe siècle et les artistes à leurs côtés, ne produiront que des merveilles, de Saint-Jean de Montmartre (18^e) à Saint-Esprit (12^e).

Au sein de la direction des Affaires Culturelles, les services de la sous-direction du Patrimoine et de l’Histoire ont la mission d’entretenir, de sauvegarder et valoriser ce patrimoine essentiel. En regard de la charge infinie, toutes les énergies sont nécessaires.

La Fondation Avenir du Patrimoine à Paris offre un cadre juridique sécurisant aux initiatives paroissiales, est à l’écoute de mécènes aussi passionnés que généreux, suscite les bonnes volontés en intelligence avec les autres fondations sous l’égide du Diocèse.

Nos échanges permanents permettent à la FAPP d’être acteur de projets de restauration mis en place par la Ville, avec la certitude d’agir ainsi en faveur d’opérations qui se concrétiseront à court terme. Ainsi nous faisons cause commune pour les vitraux de Saint-Merry, la statuaire de La Madeleine et de Saint-Sulpice ou encore les luminaires de Saint-Augustin.

En ce moment-même, une statue restituée de Saint-Augustin financée par l’association éponyme sous l’égide de la FAPP est installée sur la façade principale de l’église dont la restauration s’achèvera en février prochain, et le chantier de restauration des parements intérieurs de la chapelle Mansart à Saint-Séverin, fruit de la générosité d’une paroissienne, est en cours.

Nous savons désormais  que la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris est nos côtés. Un mécénat est plus qu’un financement : c’est le sentiment du bien commun, le plaisir décuplé d’agir en équipe pour un objectif commun, et pour nous, services municipaux, un formidable encouragement.